Silhouettes dans la ville

Des silhouettes dans la ville

Echappés des tableaux du musée des Beaux-Arts de Libourne, de surprenants personnages déambulent dans la ville et se mêlent à notre quotidien.

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Marie-Antoinette emmène Louis XVII au square ; la duchesse d'Angoulême fait ses emplettes dans la rue piétonne ; un vieil homme et son chien observent, nonchalants, les joueurs de pétanque, pendant que Christophe Colomb et l'Astronomie surveillent le port. Ils sont neuf en tout, saurez-vous les retrouver ?

Avec ses personnages en balade, le musée a besoin de nouveaux modèles pour animer sa galerie d’expositions. Aidez-le en posant pour les tableaux reproduits sous forme de passe-têtes qui sont installés au square du 15e Dragon et place Decazes.

Et n’hésitez pas à venir au musée découvrir les œuvres dont sont se sont inspirées ces différentes animations. Des visites commentées sont proposées tous les mercredis à 11h ou sur rendez-vous. Entrée gratuite.

 

Localiser les silhouettes

Antonio Amorosi, Les jeunes Amants, XVIIe siècle

À l’entrée de la médiathèque

Cette œuvre nous présente une bambochade : sujet représentant la vie quotidienne de manière burlesque, proche de la caricature. Ici, il s’agit d’un couple d’enfants singeant des attitudes et des saynètes tirées du monde des adultes. Ces deux enfants sont certainement issus de deux familles différentes et miment probablement une promesse de mariage, d’où le titre du tableau.  Il faut savoir qu’à l’époque les alliances matrimoniales étaient conclues par les familles dès le plus jeune âge.

Raphaël Mengs (d’après), Muse de l’astronomie, Uranie, XVIIIe siècle

Sur les quais près du pont de pierre

Dans la mythologie grecque, les muses sont les neuf filles issues de l’union entre Zeus et Mnémosyne, la déesse de la mémoire. Elles protégeaient les arts, les lettres et les sciences. C’est pourquoi une « muse » est également l’incarnation d’une source d’inspiration pour un artiste. Dans l’histoire de l’art, elles sont représentées avec des attributs, des symboles, qui permettent de les identifier. Uranie, dont on donnera le nom à une planète, présidait à l’astronomie et à l’astrologie. Elle est représentée avec un manteau couleur azur, un globe céleste et un compas. Cette œuvre du XVIIIe siècle provient du legs du collectionneur Antoine Victor Bertal, originaire de Créon.

Charles-Louis Lucien Müller, La famille royale à Trianon, vers 1850

Silhouette de Marie-Antoinette dans le Jardin Robin et passe-tête square du 15e Dragon

La scène représente la reine Marie-Antoinette, entourée des membres de sa famille (Louis XVI debout, Louis XVII sur ses genoux, Marie Thérèse de France), donnant une pièce à une jeune paysanne, dans les jardins du Petit Trianon. Marie-Antoinette, « L’Autrichienne » comme on la surnommait au XVIIIe siècle, était peu appréciée par l’opinion publique. Elle était notamment accusée de dépenser l’argent du royaume et d’être une mauvaise mère, ce qu’on continua de lui reprocher lors de son procès qui la condamna à l’échafaud. Des caricatures la représentant de manière peu flatteuse circulaient abondamment. Une propagande officielle fut, alors, nécessaire pour réhabiliter l’image de la reine. On la fit représenter par les peintres dépourvue de bijoux, attentive à sa famille et aux plus miséreux. Lorsque la monarchie revint au pouvoir après la période révolutionnaire et l’Empire – période qu’on appelle la Restauration (1815-1830) – cette propagande artistique réapparut dans le but d’entretenir le souvenir du roi et de la reine martyrs, et de légitimer le retour des Bourbons. C’est pourquoi cette peinture, dont la scène est complètement imaginaire (les enfants de paysans ne pouvaient pas entrer à Versailles) date du XIXe siècle.

Pierre-Roch Vigneron, Christophe Colomb montrant ses fers aux rois catholiques, 1819

Aux pieds de la Tour du vieux port

Cette œuvre représente un épisode moins connu de la vie du célèbre explorateur Christophe Colomb. Ce dernier, après avoir découvert Hispaniola (Saint-Domingue) est nommé gouverneur de ces nouveaux territoires. Mais au terme de son troisième voyage (une absence de plus de deux ans) il trouve l’Îles en proie à des révoltes entre les peuples autochtones et les Espagnols nouvellement installés. Plusieurs de ces derniers sont retrouvés pendus sur la place publique. Christophe Colomb fut, alors, remplacé par un nouveau gouverneur, Francisco de Bobadilla, et condamné au cachot. Le tableau du musée représente le navigateur, de retour en Espagne après cet épisode, en train de montrer les traces laissées par les fers sur ses poignets aux souverains Isabelle la catholique et son mari Ferdinand, roi d’Aragon.

Eugénie Honorée Marguerite Servières, La Reine Blanche, mère de Saint Louis délivrant les prisonniers, début XIXe

À l’entrée de la rue Jules Ferry après le pont de pierre.

La scène est célèbre car reprise par de nombreux peintres. Elle montre la reine Blanche de Castille (1188-1252), mère de Saint Louis et régente durant la minorité de son fil, incarnant le pardon et la justice en libérant des prisonniers. Toute de blanc vêtue, à l’image de son prénom, elle est la lumière et l’espoir qui illuminent le sombre cachot. Le tableau fait référence à la révolte des serfs d’Orly, injustement emprisonné pour non-paiement de l’impôt. Son fils, Louis IX l’accompagne, il tient la traine du manteau de sa mère et son visage est éclairé par la lumière qui semble émaner de Blanche de Castille, comme pour signifier que le futur Saint Louis sera fidèle aux convictions et aux justes combats menées par sa mère. Blanche de Castille fut l’objet d’un véritable culte à travers les âges et, au XIXe siècle, fait figure de grande héroïne romantique.

Rolland, Réception du duc et de la duchesse d’Angoulême à Bordeaux venant présider les élections législatives de 1815, 1817

Rue Gambetta

La duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI et Marie-Antoinette, a survécu à la Révolution française. Elle fut un personnage incontournable de la Restauration (1815-1830), qui entérina le retour des Bourbon sur le trône de France à la chute de l’Empire. La ville de Bordeaux fut la première à se rallier au retour de la monarchie. Le couple duc et duchesse d’Angoulême y firent plusieurs déplacements, accueillis en grande pompe par les notables bordelais. Cette scène précise représenterait leur arrivée à l’hôtel de Ville pour présider les élections législatives de 1815. Suite à ces élections, la chambre bascula du côté libéral. L’œuvre de Rolland est, on le voit, un outil de propagande politique comme on en créa de nombreux à cette époque.

René Princeteau, Madame Jean Fourcaud-Laussac en amazone, 1883

Devant la chapelle du Carmel

La chienne Mab appartenait à Madame Jean Fourcaud-Laussac. Elle est représentée sur ce tableau, gambadant aux côtés de sa maîtresse en grande tenue de cavalière, montée sur un magnifique pur-sang. Cette élégante aristocrate aimait particulièrement se balader sur la plaine entre Condat et Videlot (au sud de Libourne) où elle possédait une propriété avec son époux. Les couleurs choisies par l’artiste René Princeteau permettent de faire ressortir la tenue noire de la cavalière. Il est possible que cette œuvre ait été réalisée au retour de Princeteau à Pontus dans les années 1880.

Willem Van Hasselt, L’atelier à Arcachon, 1934 ou 1936

Sur le parking de la librairie Madison

L’artiste est hollandais de naissance mais il a fait sa carrière en France, se rapprochant du groupe d’artistes formés par les anciens Nabis (mouvement artistique postimpressionniste d’avant-garde). Il épousa une riche Bordelaise protestante,  Louise le Vavasseur. Avec cette dernière il se plut à séjourner sur le bassin d’Arcachon où il peignit de nombreux paysages jusqu’en 1936. Dans le tableau en question, il s’agit d’une vue de son propre atelier à Arcachon à l’intérieur duquel posent sa femme et sa fille.

René Princeteau, Un vieux mendiant, XIXe siècle

Sur les quais près des boulodromes

René Princeteau est très certainement le peintre du XIXe siècle le plus célèbre à Libourne. Enfant du pays, il accéda à une renommée nationale certaine. Très tôt intéressé par la peinture, il s’est rapidement spécialisé dans la représentation de portraits équestres, répondant à une demande forte de l’aristocratie locale. Son style évolua tout au long de sa riche carrière de peintre, passant d’un genre académique et lissé à des œuvres plus impressionnistes à la touche visible et énergique. Cette représentation d’un vieux mendiant démontre le talent certain du peintre pour les portraits issus de différentes classes de la société girondine, à la limite de l’avant-garde.

Jean-Gabriel Domergue, La famille du peintre, 1909

Place Decazes

Dans ce portrait très intimiste, l’artiste réalise le portrait de sa propre famille dans le salon familial. Assis au premier plan, la femme du peintre et son jeune frère regardent le contemplateur de face. A l’arrière-plan nous retrouvons le père de famille, accoudé à la cheminée et devant un miroir. Ce dernier permet de refléter le décor de cette pièce de vie, ornée de différentes toiles. Le peintre a cherché à retranscrire une atmosphère très intime dans ce portrait de société, très normé, où nous sommes proches du rendu des portraits photographiques, déjà très en vogue au début du siècle.